2014/04/06

Luiz Ruffato : Tant et tant de chevaux

Salué par la presse brésilienne lors de sa parution en 2001, Tant et tant de chevaux a de nouveau été encensé, quatre ans plus tard, par les critiques du Figaro, de l'Express et de Télérama, ces derniers tellement blasés de littérature  "classique" qu'un peu d'innovation stylistique et les voilà qui crient aussitôt au génie ? On peut se le demander. En tout cas, cette histoire chevaline sans chevaux m'a quant à moi laissé sur ma faim, un peu comme ces burgers de MacDo qui ne vous remplissent pas l'estomac, ou comme ces émissions de télé-réalité entrecoupées de publicités : du vide sur du rien. Et donc un livre dans l'air du temps, censé en rendre compte par une absence de fond et un trop-plein de forme. L'histoire ? Il n'y en a pas vraiment, ou plutôt il y en a plusieurs qui se suivent sans lien ni raison, du coq à l'âne, à zappe que veux-tu, dans un chaos d'images... Et alors quoi ? Alors il s'agit de passer 24h00 au coeur d'une grande ville et de son voile de fumée, en l'occurence São-Paulo (mais qui pourrait tout aussi bien être Saint-Denis, Manchester, Détroit, New Delhi, ou toute autre ville de plus de 100 000 habitants, la plupart à faible revenu). Il s'agit d'écouter les creuses confidences d'un chauffeur de taxi /zap/ les coups de gueule d'un couple qui se déchire /zap/ des messages laissés sur un répondeur /zap/ les cris d'un gamin de favelas mordus par des rats /zap/... Il s'agit aussi de baigner, le temps d'une lecture, dans une sorte d'enfer cacophonique : fanfare de chômeurs, de voleurs, d'assassins, de prostituées et de vagabonds, chacun d'eux interprétant ici sa propre partition : violence / pauvreté / solitude / précarité / indifférence... Le tout assemblé à la façon d'un collage Pop-Art, donc effectivement très novateur, tout comme le sont d'ailleurs les variations typographiques (voir Mallarmé : 1842-1898), les jeux de ponctuation (cf. Saramago : 1922-2010) ou encore l'écriture fragmentaire (Burroughs, Barthes, Blanchot, etc). Et puis surtout, au terme de cette lecture hachée comme un steak, une seule question : « Et alors ? »

Les trois premières pages (réalisé sans trucage) :




Luiz Ruffato : Tant et tant de chevaux (2001)
Traduction de Jacques Thiériot (2005)
Aux Editions Métailié

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